Comprendre les frais en investissement : au-delà des apparences

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Lorsqu’il est question d’investissement, un thème revient inévitablement : les frais de gestion. Certains investisseurs cherchent avant tout les produits aux frais les plus bas, convaincus qu’il s’agit du meilleur choix. Or, si les frais sont un facteur important, ils ne racontent jamais toute l’histoire.

Frais de gestion vs rendement net

Il est vrai que les frais grugent directement le rendement. À long terme, un écart d’un seul pour cent peut représenter des milliers de dollars en moins dans un portefeuille. Cependant, il serait erroné de conclure que les bas frais offrent un meilleur investissement.

Ce qui compte vraiment, c’est le rendement net, c’est-à-dire le rendement après déduction de tous les frais. Un produit financier légèrement plus coûteux peut justifier ses frais par une gestion active performante, une protection contre la volatilité ou un accès à des classes d’actifs spécialisées. L’important est donc de comparer le rendement net et non seulement les frais de gestion.

Des frais visibles… et d’autres plus discrets

Tous les frais ne se trouvent pas au même endroit. Les investisseurs connaissent souvent le frais de gestion (ou ratio de frais de gestion), mais d’autres frais peuvent exister :

  • Frais de transaction : coûts internes liés à l’achat et à la vente de titres.

  • Frais d’entrée ou de sortie (dans certains fonds).

  • Frais de conseil pour l’accompagnement personnalisé.

La multiplication de ces coûts peut éroder le rendement total, d’où l’importance d’une vision globale.

L’impact de l’horizon de placement

Le poids des frais se mesure aussi à l’aune du temps. Sur un horizon court, un écart de frais peut sembler mineur. Mais sur 20 ou 30 ans, il devient un facteur déterminant. C’est pourquoi il est crucial d’analyser comment les frais s’accumulent, surtout dans une perspective de retraite.

La loi MRCC3 : vers plus de transparence

Un changement réglementaire majeur arrive bientôt avec la réforme MRCC3 (Modèle de relation client-conseiller 3). Les firmes devront fournir aux investisseurs une information beaucoup plus claire dès janvier 2026 sur :

  • les frais réellement payés,

  • les commissions versées,

  • le rendement net de leur portefeuille.

Cela donnera enfin une image complète de la valeur réelle obtenue en échange des frais déboursés.

Un regard international

Cette quête de transparence n’est pas unique au Canada. L’Europe a déjà imposé des règles similaires avec MiFID II, qui oblige à dévoiler en détail tous les coûts supportés par l’investisseur. Aux États-Unis, la popularité des FNB illustre la sensibilité croissante aux frais, mais aussi le danger de penser uniquement en termes de bas coûts sans stratégie globale.

Le Canada s’inscrit donc dans une tendance mondiale où l’investisseur est mieux informé, mais où il doit aussi apprendre à analyser l’information pour prendre des décisions éclairées.

En résumé, les frais sont incontournables en investissement, mais ils ne devraient jamais être l’unique critère de décision. Ce qui importe, c’est le rendement net, la stratégie adoptée et la transparence du produit. Avec l’arrivée de MRCC3, les investisseurs disposeront de meilleurs outils pour comprendre la valeur monétaire réelle des frais qu’ils paient et s’ils sont réellement justifiés par le rendement offert.

Serge Nolin et Louis-Samuel Nolin sont représentants de courtier (Épargne collective) inscrits auprès de Cloutier Groupe Financier, cabinet en épargnes collectives.