On entend souvent parler de la dette du gouvernement : « le Canada a une dette de plus de 1 000 milliards de dollars », « le déficit augmente », etc. Ce sont des chiffres énormes, difficiles à saisir. Mais qu’est-ce que ça signifie vraiment ? À qui doit-on cet argent ? Et est-ce grave ?
Qu’est-ce que la dette publique ?
La dette publique représente l’ensemble de l’argent que le gouvernement emprunte pour couvrir ses dépenses lorsqu’il n’a pas assez de revenus (principalement des impôts) pour tout payer. Chaque année, si les dépenses du gouvernement dépassent ses revenus, il y a un déficit. Ces déficits s’accumulent dans le temps pour former la dette.
Exemple : Si le gouvernement dépense 500 milliards $ en une année, mais n’en collecte que 450 milliards $ en revenus, il doit emprunter 50 milliards $ pour combler l’écart.
Pourquoi le gouvernement emprunte-t-il au lieu d’imprimer de l’argent ?
On pourrait croire que le gouvernement pourrait simplement imprimer de l’argent pour payer ses factures. Après tout, il contrôle la monnaie, non ? En réalité, ce n’est pas aussi simple.
Imprimer de l’argent en grande quantité fait baisser sa valeur, ce qui crée de l’inflation, voire de l’hyperinflation. Les prix augmenteraient rapidement, le pouvoir d’achat chuterait, et cela nuirait à l’économie.
C’est pourquoi, dans un système économique moderne, les gouvernements ne financent pas directement leurs déficits en imprimant de l’argent. Ils empruntent sur les marchés financiers à la place, pour garder la stabilité monétaire et la confiance des investisseurs.
Mais pourquoi empruntent-ils autant ? Il y a plusieurs raisons :
Pour financer des investissements à long terme qui font croître le pays : construction de routes, écoles, hôpitaux, infrastructures vertes, soutien à l’innovation, etc.
Pour maintenir les services publics en période difficile, même quand les revenus sont en baisse.
Et aussi, pour rembourser d’anciennes dettes arrivées à échéance. Un peu comme quelqu’un qui renouvelle un prêt hypothécaire ou qui rembourse une carte de crédit avec un autre prêt à taux plus bas. C’est ce qu’on appelle refinancer la dette.
En bref, le gouvernement emprunte non seulement pour faire face aux besoins immédiats, mais aussi pour investir dans l’avenir et gérer intelligemment ses obligations passées.
À qui le gouvernement emprunte-t-il ?
Le gouvernement émet des obligations que des investisseurs achètent :
Des fonds de pension, banques, et compagnies d’assurance
Des citoyens
Des gouvernements étrangers
En retour, le gouvernement promet de les rembourser plus tard, avec des intérêts.
Est-ce mauvais de s’endetter ?
Pas nécessairement. L’endettement peut même être utile et stratégique, tant que c’est bien géré.
Quand c’est bénéfique :
Pour stimuler l’économie en période de crise (ex. : COVID-19)
Pour investir dans des infrastructures (routes, écoles, hôpitaux)
Pour maintenir les services publics même quand les revenus baissent
Quand ça devient problématique :
Si la dette augmente plus vite que l’économie
Si trop d’argent est dépensé pour payer les intérêts
Si les investisseurs perdent confiance
Comment savoir si la dette est trop haute ?
On regarde souvent le ratio dette/PIB. Il mesure la dette par rapport à la taille de l’économie. Un ratio élevé n’est pas forcément mauvais, surtout si l’économie croît bien et que les taux d’intérêt restent bas. Ce qui compte, c’est que la dette reste gérable et soutenable à long terme.
En résumé, la dette publique n’est pas forcément une mauvaise chose : elle permet de réagir aux crises, de soutenir l’économie et d’investir pour l’avenir. Mais le gouvernement ne peut pas simplement imprimer de l’argent, car cela créerait de l’inflation incontrôlable. Emprunter est donc une façon plus stable et responsable de financer ses besoins tant que cela reste sous contrôle.
Serge Nolin et Louis-Samuel Nolin sont représentants de courtier (Épargne collective) inscrits auprès de Cloutier Groupe Financier, cabinet en épargnes collectives.